Bonnes pratiques d’administration des médicaments de la voie orale en cas de troubles de la déglutition

Les médicaments de la voie orale de forme sèche comprennent essentiellement les comprimés, les gélules et les capsules molles qui nécessitent un écrasement en cas de trouble de la déglutition.

L’écrasement des formes sèches désigne : – le broyage d’un comprimé (y compris le fait de le mâcher) – la division d’un comprimé pelliculé non sécable ou à libération prolongé ( LP ) – l’ouverture de gélule gastro-résistante ( sauf si elle contient elle-même des microgranules LP) – l’écrasement des microgranules d’une gélule LP (y compris le fait de les mâcher ex : Diffu K, Mecir LP).

Pour les patients, comme pour les soignants, cette pratique peut comporter des risques.

Pour les soignants, les risques sont :

  • De nature allergique : certains principes actifs ainsi libérés peuvent être allergisants
  • De nature toxique : cas des anticancéreux, des immunosuppresseurs…
  • De nature tératogène : cas des anticancéreux qui ne doivent pas être manipulés pas une femme enceinte
  • De nature juridique : en cas de préjudice, l’infirmière peut être mise en cause pour négligence

Pour les patients, les risques sont :

  • Le surdosage
  • Le manque d’efficacité: perte de produit, interaction médicament/liquite (Ciflox, produit laitier), rejet du patient dû à l’amertume du produit, inactivité due à l’acidité de l’estomac et enfin altération du produit par la lumière ou l’humidité (Imovane, Lasilix)
  • L’irritation des muqueuses buccales et gastriques pouvant aller jusqu’à l’ulcération (Dulcolax, Exelon, anticancéreux)
  • L’incompatibilité physico-chimique par modification de biodisponibilité (Pantoprazole, Levothyroxine, Clopidogrel)

La forme galénique choisie par le fabriquant est étudiée afin d’obtenir l’action optimale du médicament.

ATTENTION : SECABLES NE VEUT PAS DIRE BROYABLES

Les formes à libération prolongée (LP) : permettent de libérer le principe actif de façon continue afin de maintenir une activité constante pendant plusieurs heures : les comprimés ne doivent pas être écrasés et les gélules ne doivent pas être ouvertes.

Exemples : Skénan LP, Oxycontin LP, Adalate LP, Lasilix retard, Amoxicilline, Lamaline, Pradaxa…

Les comprimés enrobés ou pelliculés ne doivent pas non plus être écrasés sauf contre-ordre du fabriquant. Parmi ceux-ci, on trouve des formes gastro résistantes ou à  multicouches à libération successive.

Exemples : Tous les AINS , certains antibiotiques ( Flagyl, Augmentin…)

Les comprimés orodispersibles contrairement aux formes sublinguales ne sont pas absorbés sous la langue mais au niveau de l’intestin comme les comprimés ordinaires. Ils peuvent donc être dissous dans un peu d’eau et administrés par sonde entérale sans qu’il y ait lieu de les écraser.

Les comprimés lyocs, effervescents et sublinguaux se dissolvent rapidement dans l’eau ou la salive et ne nécessitent aucun écrasement ( Spasfon lyoc, Azantac, Temgésic)